En face du problème du mal, deux possibilités se sont toujours offertes à la réflexion: le mal serait unepartie de l'univers. Il est et il serait une chose parmi les autres. On devrait le considérer comme une pièce duscénario destinée à mieux faire apparaître le triomphe de l'ordre et du bien. C'est ce qu'on peut appeler la voie del'apaisement, qu'elle relève des philosophes, tel Leibniz, de certaines théologies chrétiennes ou de la dialectiquemarxiste. Dans les trois cas, c'est la même intuition, à la limite épouvantable, on aurait besoin du mal pourexpliquer l'ordre de l'univers; l'autre solution considère le mal comme une négation, absurde, inclassable. Toutserait pourri et mangé par sa présence. On ne peut que rejeter cet univers et s'enfuir du cycle infernal. C'est la voiede la révolte. Dieu n'est plus l'horloger de l'univers, mais un monstre qu'il faut éliminer. Après bien d'autres, c'estl'hypothèse de Jean-Paul Sartre. Ne reste que l'absurde et le suicide.C'est pour éviter d'enfermer l'esprit dans ces deux seules voies que la pensée chrétienne propose un autre chemin.Le mal n'est ni du même ordre que les choses, ni non plus une pure négation qui ne laisserait place qu'à l'absurde